Paramount a annoncé lundi la vente de son éditeur à KKR pour 1,62 milliard de dollars. La cession a été guidée par la politique de concurrence récemment mise en œuvre par Washington.
Simon & Schuster est un éditeur américain depuis 1898. Il s’agit désormais d’une ancienne société du groupe Paramount. La propriété de Simon & Schuster changera après la clôture de cette transaction. Jonathan Karp et Dennis Eulau, directeur de l’exploitation et directeur financier de Simon & Schuster, ainsi que le président-directeur général, conserveront leurs fonctions.
Simon & Schuster jouit d’une excellente réputation dans le domaine de l’édition de livres, ainsi que d’une performance opérationnelle solide et constante et d’une augmentation à deux chiffres de son chiffre d’affaires au cours du premier trimestre 2023.
KKR vise à renforcer sa position d’éditeur et de distributeur de renommée mondiale avec plus de 36 000 titres dans les catégories adulte et jeunesse, les livres audio et l’international.
Simon et Schuster se sont également empressés d’agir après l’échec de leur mariage avec la société d’édition Penguin Random House PRH (PRH), qui appartient à l’Allemand Bertelsmann. La Commission de la concurrence de Washington a révoqué un accord de 2,2 milliards de dollars signé fin 2020. En guise de consolation, le groupe d’édition a reçu une indemnité de départ de 200 millions de dollars.
Le cours de l’action Simon & Schuster est en baisse depuis plusieurs mois. Cela est dû à un contexte économique fragile, ainsi qu’à une industrie du livre qui a marqué le pas après des performances exceptionnelles pendant la pandémie.
Paramount Global ne s’attendait pas à ce qu’il y ait aussi peu de candidats pour la deuxième vente de la maison d’édition. Seuls NewsCorp, l’éditeur HarperCollins et l’Américain Richard Hurowitz, soutenu par le fonds souverain d’Abu Dhabi, étaient en lice contre KKR. La société française Lagardère (qui appartenait à Hachette et sera bientôt contrôlée par Vivendi), qui avait envisagé de se joindre à la course, s’est finalement retirée.
L’accord avec le groupe de capital-investissement ne devrait pas, cette fois-ci, poser de problèmes de concurrence à l’administration Biden.
La transaction, soumise à des autorisations réglementaires et à des taux d’intérêt élevés, sera entièrement payée en espèces. Paramount pourra utiliser le dernier chèque qu’elle recevra un mois ou deux après la finalisation de la transaction pour réduire son effet de levier.
L’acquisition de Simon & Schuster par KKR est une opération qui profitera aux deux parties. Simon & Schuster a un passé dans l’édition, ayant généré plus de 1,2 milliard de dollars de revenus l’année dernière. Son résultat d’exploitation s’est élevé à 248 millions de dollars. Le fonds américain n’en est pas à sa première incursion dans le secteur de l’édition. Il a racheté il y a cinq ans à Shamrock Capital le groupe RBmedia, spécialisé dans les livres audio. KKR a finalement cédé l’actif à H.I.G Capital. Ils ont empoché une plus-value de près de 500 millions de dollars. Le sort de Simon & Schuster reste à déterminer.